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Philo

Internet et le monde qui vient.

Au début de Condition de l’homme moderne, Arendt propose de distinguer la nature humaine, cette essence que partageraient tous les humains, de la condition humaine qui dépend des circonstances et de l’environnement dans lesquelles ils vivent, du monde qui les entoure et les contraint. Selon elle, si l’existence d’une nature humaine est hypothétique, on ne peut nier que l’existence humaine soit conditionnée par son environnement. Dans un passage fascinant, pour illustrer la distinction qu’elle vient de faire, elle imagine une transformation radicale de notre condition : « Le changement le plus radical que nous puissions imaginer pour la condition humaine serait l’émigration dans une autre planète. Un tel événement, qui n’est plus tout à fait impossible, signifierait que l’homme aurait à vivre dans des conditions fabriquées, radicalement différentes de celles que lui offre la Terre. […] Et pourtant ces hypothétiques voyageurs échappés à la Terre seraient encore humains ; mais tout ce que nous pourrions dire quant à leur “nature”, c’est qu’il s’agirait encore d’êtres conditionnés, bien que leur condition fût alors, dans une mesure considérable, faite par eux-mêmes. »

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Dieu

Dieu est un personnage sans intérêt (ou nietzschéen)

Ma lecture de la Bible n’avance pas des masses pour le moment. Je lis trop de choses en même temps comme en témoigne mon fil instagram. En revanche, pour ce que j’ai pu en lire jusqu’à présent, je me sens tout à fait justifié à réécrire la Bible avec Dieu comme narrateur (et auteur), car c’est un personnage vide de toute substance. Je m’explique. Ce n’est pas tant son absence de substance (sur laquelle je reviendrais dans un instant) qui fait que c’est une idée génialissime de réécrire la Bible de son point de vue, car c’est plutôt sans intérêt de raconter le point de vue d’un personnage sans profondeur, en revanche, les opportunités que cela ouvre sont extraordinaires.

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Book review

The Honor Code

HonorIl y a quelques semaines, j’ai lu The Honor Code, de Kwame Anthony Appiah. J’en avais entendu et lu beaucoup de bien et, malgré ma thèse qui prenait du retard, mon intérêt pour l’évolution de la morale m’a poussé à le lire. C’est un livre fascinant à plus d’un titre. Tout d’abord en raison de son sujet, l’histoire de l’évolution des mœurs et de la morale. Autant il existe de nombreuses histoires des mœurs, autant il existe assez peu de traitement philosophique de cette histoire. Ensuite, et c’est ce qui m’a le plus frappé, parce que l’auteur ne semble pas réaliser que le contenu de son livre est en contradiction avec la thèse qu’il défend. Avant de revenir sur ce point, une brève présentation de la matière du livre est nécessaire.